Israel, un Etat en perpetuelle tourmente de la droitisation Juxtaboutiste, dans le mauvais sense de l'Histoire et la negation de l'impossibilite de garder la totalite de la Palestine de 1947...dans la mesure ou le plus grand probleme de l'etat "Juif" est la demographie galoppante de la population Arabe, malgre les tentatives sauvages de l'etat d'Israel de les disperser par la force et l'agression journaliere sous differentes formes.
Netanyahu ne resoudra rien, car il est l'otage de la politique de PNAC, qui persiste et signe dans la folie de la fragmentation de la region et du monde Asiatique en milliers de Tribus avec des drappeaux..., le projet hegemonique continuera sans faille, mais avec des "repis" tactiques...
1'hypothese d'un morcellement regional visant a
proteger Israel est donc une explication confirmee de la
guerre en Irak, dans la mesure OU celles avancees par
1'administration Bush sont a tous points de vue insatisfaisantes.
D' autre part, les interventions decidees
a Washington menent a l'affaiblissement des regimes
politiques et plus largement des Etats qui se disloquent
a la suite des con flits fratricides entre groupes
ethniques dont les id~ntites se reveillent en periode de
crise sociale, economique et politi que. II reste un element
important afin de completer Ie puzzle. Qu'en estil
donc de la situation de l'Etat hebreu, partenaire
et allie privilegie des Etats-Unis? Pourquoi aurait-il
besoin d'un tel morcellement? Les aides venues de
Washington en matiere d'armement ainsi que la superiorite
economique du pays ne suffisent-elles pas a
assurer la securite de 1'Etat ? l'affaiblissement des pays
voisins est en effet couteux et cree des destabilisations
qui pourraient engendrer de nouvelles violences a
l' encontre d'Israel (attaques terroristes isolees ou mise
en cause politi que par des regimes faibles en quete
de legitimite). Mais, au vu des fortes particularites de
la nation israelienne (valeurs fondatrices, liens entre
1'Etat et la religion, evolution au sein de la societe) et
des donnees internationales actuelles, on con<;oit que
Ie jeu en vaille peut-etre la chandelle.
Baruch Kimmerling analyse ainsi la societe israelienne:
«La collectivite n' a jamais reussi a decider
si Ie judai"sme est une religion ou une sorte de nationalisme,
ou les deux. Immigrants colons, nous avons
besoin d'une legitimation pour etre ici. La religion
juive en presentait une. C' est pourquoi Ie sionisme
lai"que lui a emprunte ses themes cent raux et meme
sa terminologie. Desormais, l'hegemonie sioniste est
menacee par la decomposition du couple religionnation
1.» Pour eviter de choisir entre legitimite
religieuse et citoyennete lai"que, la declaration d'independance
de 1948 prevoit que «1'Etat d'Israel sera
fonde sur la justice, la liberte et la paix selon l'ideal
des prophetes d'Israel; il assurera la plus complete
egalite sociale et politique a tous ses habitants, sans
distinction de religion, de race ou de sexe ». Ce faisant,
elle mele donc references religieuses et garantie
d' egalite de traitement la"ique.
L'experience a montre que l'equilibre n'a pu se realiser,
comme l'illustre la situation des Arabes israeliens.
Palestiniens essentiellement musulmans et chretiens,
qui n'ont pas ete chasses ni ne sont volontairement partis
en 1948, ils sont devenus citoyens israeliens en 1949,
lorsque Israel a annexe les zones attribuees par Ie plan
de partage a l'Etat arabe.Jusqu'en 1966, ils ont donc ete
soumis a un gouvernement militaire qui les astreignait a
des permis de deplacement, au couvre-feu, et qui favorisait
la colonisation juive a travers la confiscation des
terres arabes. Depuis, comme Ie souligne A. Dieckhoff,
leur situation s' est amelioree. Ils jouissent de droits individuels
et collectifs leur garantissant la liberte de culte,
de conscience, de langue et de culture. Pour autant,
ils n'ont pas les memes droits civiques et sociaux que
les citoyens juifs. Ainsi par exemple, les zones defavorisees
auxquelles l'Etat verse des subventions visant
a encourager Ie developpement economique et social
n'incluent aucun village arabe, alors que les habitants
de ces villages sont nettement plus pauvres que Ie reste
de la population israelienne (50 % d' entre eux vivent
en dessous du seuil de pauvrete contre 5 % de la population
juive, et en moyenne Ie salaire d'un ouvrier arabe
est inferieur de 23 % a celui d'un ouvrier juif). Plus
encore, certaines discriminations peuvent prendre un
caractere legal. Depuis 1948, les Arabes d'Israel sont
exclus de Tsahal, l'armee israelienne, un des symboles
de l' appartenance a la communaute nationale (a l'exception
des druzes, en charge de la surveillance des zones
arabes). Le mariage entre juifs et non-juifs est prohibe.
La loi d'egalite devant l'emploi de 1988, qui prevoit
des poursuites en cas d' attitude discriminatoire, ne
s'applique qu'aux inegalites de traitement fondees sur
Ie sexe, les preferences sexuelles et Ie statut familial.
C'est dire combien l'idee meme de citoyennete des
Arabes d'Israel demeure incertaine, ce qui tient a la
nature de 1'Etat d'Israel. Alors qu'il a la particularite
forte d'etre la seule democratie du Proche-Orient,
il contrevient au principe meme d' egalite en mettant
l' accent avant tout sur l' ethnie et la judeite. Cree sur la
base de references bibliques et soumis a la pression permanente
des citoyens les plus religieux, qui malgre leur
faible nombre pesent fortement sur la vie politique,
l'Etat hebreu n' a pas a ce jour trouve les ressources lui
permettant de ne plus etre lie a la religion.
nest pourtant des periodes OU la cohesion nationale
s'opere, en depit des problemes lies au role central de
la religion. Elle semble alars reposer sur la necessite de
s'unir face aux menaces exterieures. Les guerres successives
avec les voisins arabes ont logiquement amene les
Israeliens a se preoccuper d' abord de survivre ensemble
face a l'ennemi avant de savoir exactement ce que
recouvrait ce « ensemble ». Mais la societe evoluant, la
question se pose sans cesse de maniere plus aigue et
prioritaire. Cherchant dans l'immigration la population
qui lui fait defaut face aux pays environnants, Israel a
accueilli notamment entre 1989 et 1994 plus de 500000
personnes venues d'ex-URSS, soit une augmentation
de 10 % de sa population en seulement cinq ansi. Or
ces juifs d' origine russe, qui representent aujourd'hui
20 % de la population israelienne, ne sont pas reconnus
par Ie Grand Rabbinat et connaissent d'immenses difficultes
a s'integrer dans la societe, se trouvant Ie plus
souvent dans des emplois dont la qualification ne correspond
pas a leur niveau de competence. A quoi s' ajoute
l'importance des travailleurs asiatiques immigres, qui
constituent presque un dixieme de la population.
Au total, pres de la moitie de la population d'Israel
n' est pas juive ou n' est pas consideree comme telle.Par
consequent, Ie caractere hebreu de l'Etat est menace.
Ceci constitue un risque non seulement pour sa cohesion
mais aussi et surtout pour sa taille (les colons sont
les individus les plus religieux), voire pour sa survie,
dans la mesure OU Ie caractere hebreu de l'Etat est son
trait premier.
Le sionisme - de « Sion », colline de Jerusalem puise
ses sources dans les textes sacres et dans l'histoire.
II est l'ideologie du retour des juifs en Palestine, appelee
en hebreu «Terre d'Israel» (Eretz-Israel). Pour
les theoriciens du peuple juif, son histoire commence
mille ans avant Jesus-Christ avec l'exil vers Babylone
et n'a cesse d'etre marquee par des tentatives de retour
d'une partie de cette population. S'appuyant notamment
sur la promesse biblique selon laquelle Dieu dit
a Abraham: « A ta posterite je donne ce pays, ce pays
OU coulent Ie lait et Ie miel », les sionistes designent la
Palestine comme seullieu possible d'implantation de
l'Etat hebreu.
Cet objectif est inscrit lors du Congres sioniste de
Bale du 29 au 31 aout 1897. Ainsi, au lien sentimental
ancien d'une partie des juifs pour cette region forte
de symboles se substitue une veritable revendication,
au nom de laquelle, des 1895, Theodor Herzl preconise
des methodes radicales : «Le double processus
d' expropriation et de deplacement des pauvres doit
etre mene de fac;on prudente et discrete. Que les proprietaires
fonciers s'imaginent qu'ils nous roulent et
nous vendent leurs biens a des prix exageres, nollS,
pour notre part, ne leur revendrons rien. »
En n~alite, comme toute revendication fondee sur
des arguments religieux, Ie sionisme est objet de debats1•
II ne s' agit pas ici de prendre part aces querelles, mais
simplement de faire valoir qu'une partie des arguments
a I'origine du sionisme sont aujourd'hui encore discutes
dans la mesure OU ils sont relies a des croyances.
Toutefois, il est interessant de noter que Theodor
Herzl, pere du sionisme politique moderne2, envisagea
la possibilite de creer I'Etat juif en Argentine. Dans ce
cas, I'element religieux s'effa~ait devant des considerations
pragmatiques, puis que ce pays presentait notamment
l' avantage de compter en son sein une population
juive consequente. Dans son ouvrage, con~u comme
un veritable plan d'action (L'Etat des Jui/s, sous-titre
Contribution a une solution moderne de la question
juive), Herzl ecrit: «Faut-il donner la preference a
la Palestine ou a l'Argentine? La Society prendra ce
qu'on lui donne et ce que I'opinion des Juifs choisira.
La Society procedera aux constatations. L'Argentine est
I'un des pays les plus riches du monde, d'une superficie
enorme, avec une faible population et un climat
modere. La Republique argentine aurait Ie plus grand
interet a no us ceder un morceau de son territoire.
L'infiltration juive actuelle y a naturellement provoque
quelque mecontentement; il conviendra d' eclairer
l'Argentine sur la nature differente de cette nouvelle
immigration juive1. »Mais l'auteur n' en oublie pas pour
autant I'importance de la religion et precise quelques
lignes plus loin: « La Palestine reste notre patrie historique
inoubliable. Son seul nom constituerait pour
notre peuple un cri de ralliement d'une extraordinaire
puissance2. »Entre affirmation du bien-fonde des arguments
bibliques et conscience de leur force mobilisatrice,
Herzllivre les raisons de sa preference mais ne
developpe pas davantage. II n'est pas evident, dans
ce cadre, de cerner la place exacte de la Bible dans Ie
projet etatique de I'auteur. Neanmoins, Ie choix s'etant
tres vite porte sur la Palestine, la question a perdu de
facto de son interet: la « patrie historique inoubliable »
I'emportera sur la proposition argentine.
Des lors, resultat d'une croyance et fruit d'une interpretation,
Ie mouvement sioniste a lui seul ne suffit
nullement a permettre la creation d'un Etat dans une
region majoritairement etrangere et hostile au projet.
Ce sont les circonstances qui, paradoxalement, ont agi
en sa faveur.
Le succes soudain du sionisme s'explique par l' antisemitisme
ambiant a la fin du XIXC siecle. II est significatif
que la these de Theodor Herzl ait vu Ie jour en pleine
affaire Dreyfus (1894-1906) et au moment des pogroms
(L'Etat des Jui/s parut en 1896). Herzl, d'ailleurs,
dit explicitement que son idee se fan de en reaction
contre l'antisemitisme : «Le projet que je presente ici
com porte 1'utilisation d'une force motrice bien presente
dans la realite. (. .. ) Tout depend de la force motrice.
Quelle est -elle? La detresse des Juifs. (. .. ) Ce que je
dis, c' est que si cette force est correctement utilisee, dIe
sera assez puissante pour actionner une machine importante
et mettre en marche des hommes et des chosesl. »
Herzl considere que la souffrance des juifs, victimes de
l' antisemitisme, peut donner lieu a une mobilisation
constructive et permettre la realisation de son plan. En
d'autres termes, 1'Etat juif est ici pense par rapport au
contexte, en reaction a 1'hostilite et la violence dont
sont victimes a cette periode de plus en plus de juifs.
Mais ses idees ne rencontrent alors que peu d' echos,
car, a la meme epoque, d' autres theories sont eIaborees
et connaissent un certain succes. Ainsi, les marxistes
considerent que la « question juive », produit
du capitalisme, trouvera sa solution avec l' avenement
du socialisme. Le judalsme liberal, present en France,
en Allemagne et en Angleterre, prone, quant a lui,
l' assimilation des juifs dans les Etats-nations dont ils
partagent la culture.
En somme, plus encore que les arguments theologiques,
ce sont les evenements antisemites qui fournissent
au mouvement sioniste sa plus grande raison
d'etre. L'idee de permettre aux juifs de ne plus etre
persecutes grace a la creation d'un Etat souverain fait
son chemin en Occident.
Pour des raisons melant strategie et culpabilite
culminante, au lendemain de la Deuxieme Guerre
mondiale, les gouvernements occidentaux participent
activement a la creation d'lsraeI.
La Grande-Bretagne, dans un premier temps,
etablit un «Foyer national» juif, sur la base de la
Declaration Balfour, en terre de Palestine alors sous
sa domination, Franr;ais et Britanniques s'etant partage
1'Empire ottoman par les accords Sykes-Picot de
1916. Diviser cette zone permettait pour la GrandeBretagne
- la formule n' est plus un secret pour personne
- de mieux y asseoir son regne. Or, s'y jouaient
deja Ie contrale de 1'acces a I'ocean lndien, la protection
de Suez et Ie contrale des ressources petrolieres
(dont 1'importance ne fut toutefois reellement perr;ue
qu'apres la Deuxieme Guerre mondiale).
Cette decision fut prise alors que la region entamait
une periode de secularisation, marquee par Ie declin
presque total de 1'influence de l'Eglise, et culminant
avec I'abolition du Califat ottoman par Atatiirk en 1924.
L'installation d'une nation sur la base d'arguments religieux
se revelait contraire a I'evolution des societes
locales. Toutefois, a ce stade, il ne s'agissait pas encore
d'une entite juridique souveraine mais d'un « Foyer »,
ce qui, selon la Commission King-Crane nommee par
Ie President des Etats-Unis Woodrow Wilson en 1919,
ne pouvait nullement mener a la construction etatique.
En effet, un tel projet aurait contredit, d'une part, Ie
principe wilsonien du droit des peuples a I'auto determination
(en 1'espece, les peuples arabes) et, d'autre
part, les conditions relatives au mandat britannique
sur la region donne par la Societe des Nations, qui prevoyait
l' organisation par la puissance mandataire de
l' accession des populations locales a 1'independancel.
Les juifs, pour leur part, ne concevaient pas ce
« Foyer national» autrement que comme une etape.
Le plan elabore par Theodor Herzl etait tres clair:
«Personne n'est assez fort ou assez riche pour transplanter
un peuple d'un en droit a un autre. Seule une
idee peut y parvenir. L'idee de I'Etat a cette force.
Tout au long de leur longue et tragique histoire, les
Juifs n'ont cesse d'entretenir ce reve royal: "1'an
prochain a Jerusalem" 1. » Rappelant l'anciennete de
cette aspiration pour les juifs, Ie pere du sionisme
moderne affirmait que ce retour ne pourrait se realiser
que dans Ie cadre de la structure etatique, unique
construction souveraine pour un peuple destine a se
retrouver.
En 1939, la Grande-Bretagne avait publie un ultime
Livre blanc excluant la creation d'un Etat juif, prevoyant
l'independance de la Palestine en 1949 via un partage
du pouvoir entre Juifs et Arabes et limitant l'immigration
juive et la vente de terres2• L'etape decisive intervint
au lendemain de la Deuxieme Guerre mondiale.
1. Herzl, op. cit., p. 29.
2. Ce Livre Blanc enoncait notamment : «On pouvait comprendre,
d'apres un passage de la Declaration Churchill de 1922,
que la Palestine n'etait pas destinee a devenir un Etat juif. Cette
declaration n'ayant pas fait disparaitre les doutes, Ie gouvernement
de Sa Majeste declare maintenant, sans equivoque, que
sa politique ne vise pas a faire de la Palestine un Etat juif. (... ) un
Etat ou les deux peuples, arabe et juif, se partageront l'autorite
gouvernementale de telle facon que les interets de chacun soient
sauvegardes. (. .. ) L'immigration juive sera maintenue, au caurs
des cinq prochaines annees, a un taux qui portera la population
juive au tiers environ de la population totale du pays. (. .. ) Apres
cette periode de cinq ans, aucune immigration juive ne sera autorisee,
a moins que les Arabes de Palestine n'y consentent. »
La guerre suspendit de facto ces engagements et la
culpabilite des Europeens joua en faveur des sionistes,
comme en temoigne Ie plan de partage. En substance,
55 % de l'ensemble du territoire palestinien devint
la propriete des juifs, qui ne constituaient pourtant
qu'environ un tiers de la population et ne possedaient
jusqu'alors que 7 % des terres. Ils obtinrent
les meilleures zones, c'est-a-dire celles OU se trouvait
la production d' agrumes et de cereales, la region en
amont du Jourdain OU se situait la principale source
d'approvisionnement en eau douce pour les Palestiniens
et les zones d'acces maritime, notamment. Ce
qui n'empecha pas Ben Gourion (Premier ministre
israelien de 1948 a 1954, puis de 1955 a 1963) de
declarer: « Le partage des Nations unies est injuste
car il prive les communautes juives de la moitie de
leur territoire biblique, »
Des lors, de coreligionnaires, les juifs deviennent
« les Juifs », membres d'un meme Etat-nation sou de
sans doute plus par la souffrance due a la haine dont
ils sont l' objet que par des elements objectifs, chacun
venant de cultures et d'horizons tres divers.
L'Etat alors naissant presente un caractere ambigu.
Le debat sur la traduction de l' ouvrage de Theodor
Herzl en est la parfaite illustration: Etat jui/ ou Etat
des fUlfs? Alors que les premieres publications ont
opte pour la premiere traduction, les plus recentes
ont choisi la seconde1, Selon l' expression choisie, il
s'agit de mettre davantage l'accent sur Ie caractere
juif de l'Etat lui-meme, Ie rendant excluant, ou sur sa
1. Notamment celie de Claude Klein, a laquelle nous nous rcfcrons
ICI.
vocation a accueillir notamment des juifs. Par comparaison,
un Etat islamique, regi par la charia (les regles
issues du Coran et des Hadith, recits de la vie du Prophete),
n'applique pas les memes lois qu'un Etat ou se
trouvent des musulmans, quand bien meme ceux-ci
seraient majoritaires.
Mais au-dela des querelles semantiques, l'ambigu"ite
apparait des lors qu'il est question de determiner les
fonctions d'Israel, les missions que sa population est
en droit d'attendre de lui. Tout en fondant son idee
de creation d'un Etat sur Ie rappel de la permanence,
dans I' esprit de nombreux juifs, de la celebre reference
religieuse : « l' an prochain a Jerusalem », et en proposant
l'installation de cette entite en Palestine, Theodor
Herzl a voulu un Etat la"ique.
Ainsi, la justification de la creation de l'Etat sur cette
terre deja habitee se fonderait sur la Bible, mais son
fonctionnement devrait ensuite en faire abstraction.
L'hiatus - en temoigne la permanence des debats sur
Ie sujet - est difficile a surmonter. Comment mettre de
cote Ie caractere religieux de I'Etat sans du meme coup
remettre en cause sa legitimite meme a exister? Une
reponse possible consiste a considerer la judeite non
comme une appartenance religieuse mais comme une
nationalite (les juifs deviennent « les J uifs »). Mais, disperses
dans de si nombreux Etats depuis si longtemps,
quel est Ie point commun de ces individus, si ce n' est la
religion? Sur quel element objectif se fonde Ie peuple
juif pour survivre a la diversite lin~uistique, culturelle
et historique de ses membres? L'Etat hebreu etant la
terre d' accueil des juifs, Ie legislateur a dil trancher
et donner une definition. La loi du retour de 1950 et
celle de 1952 prevoient ainsi que tout juif peut s' etablir
en Israel et acquerir ipso facto la nationalite. Dans
ce cadre, est juif « celui qui est ne d'une mere juive,
ou qui s'est converti au juda"isme, et qui n'appartient
pas a une autre religion ». Pour des raisons de pragmatisme
- voire de survie - face a une demographie arabe
largement superieure et en constante progression, il a
toutefois ete decide d' etendre I'attribution de la nationalite
israelienne aux familles des personnes juives
(enfants, petits-enfants et conjoints). Pourtant, la religion
demeure au creur de la nation, les amen dements
n' ayant pour but que de rendre I'Etat viable.
L'identite des Israeliens est donc un sujet eminemment
complexe. Tous ne sont pas croyants (ni meme
juifs), alors que la religion demeure au centre de
I'Etat. Dans ce cadre, I'evolution de la societe israeIienne
pose un probleme serieux pour la cohesion et
par consequent pour la survie d'Israel. L'hypothese
du morcellement, avancee au chapitre precedent,
aboutirait au renforcement des appartenances religieuses
dans la region, meme artificiellement, dans Ie
but - poIitique - de faire taire les menaces qui planent
sur Israel....
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1. Article 22 du Pacte de la SDN .
1. Ibid., pp. 16-17.
1. Theodor Herzl, VEtat des Jui/s, trad. de Claude Klein, La
Decouverte, 2003, pp. 43-44.
2. Ibid., p. 44.•.
1. Certains theologiens ont notamment mis en valeur Ie fait que
la prom esse faite a Israel etait conditionnee a l' obeissance de ce
dernier aux commandements divins, condition non realisee.
2. QuaJifie de «politique », Ie sionisme se distingue du sionisme
« messianique » bien plus ancien en ce qu'il invite les juifs a
prendre en main Ie projet de retour en Palestine au lieu d' attendre
Ie retour du Messie pour ce faire.
3. La« Society of Jews» est un organe politi que, imagine par
Herzl, rassemblant les Juifs acquis a sa cause qui seront charges
de discuter avec les gouvernements pour les convaincre de faire
aboutir I'Etat des J uifs .
1. Sophie Goyer et Sarah Dettamante, « Minorites et identite
en Israel, facteurs de destabilisation interne », in Defense nationale,
novembre 1998, 54e annee, n° 11.
1. «La division s'aggrave entre Sefarades et Ashkenazes »,
Ha'aretz, cite in Courrier international, n° 342, du 22 au 28 mai 1997.