Friday, February 20, 2009

Israel, un Etat en perpetuelle tourmente




Israel, un Etat en perpetuelle tourmente de la droitisation Juxtaboutiste, dans le mauvais sense de l'Histoire et la negation de l'impossibilite de garder la totalite de la Palestine de 1947...dans la mesure ou le plus grand probleme de l'etat "Juif" est la demographie galoppante de la population Arabe, malgre les tentatives sauvages de l'etat d'Israel de les disperser par la force et l'agression journaliere sous differentes formes.

Netanyahu ne resoudra rien, car il est l'otage de la politique de PNAC, qui persiste et signe dans la folie de la fragmentation de la region et du monde Asiatique en milliers de Tribus avec des drappeaux..., le projet hegemonique continuera sans faille, mais avec des "repis" tactiques...


1'hypothese d'un morcellement regional visant a

proteger Israel est donc une explication confirmee de la

guerre en Irak, dans la mesure OU celles avancees par

1'administration Bush sont a tous points de vue insatisfaisantes.

D' autre part, les interventions decidees

a Washington menent a l'affaiblissement des regimes

politiques et plus largement des Etats qui se disloquent

a la suite des con flits fratricides entre groupes

ethniques dont les id~ntites se reveillent en periode de

crise sociale, economique et politi que. II reste un element

important afin de completer Ie puzzle. Qu'en estil

donc de la situation de l'Etat hebreu, partenaire

et allie privilegie des Etats-Unis? Pourquoi aurait-il

besoin d'un tel morcellement? Les aides venues de

Washington en matiere d'armement ainsi que la superiorite

economique du pays ne suffisent-elles pas a

assurer la securite de 1'Etat ? l'affaiblissement des pays

voisins est en effet couteux et cree des destabilisations

qui pourraient engendrer de nouvelles violences a

l' encontre d'Israel (attaques terroristes isolees ou mise

en cause politi que par des regimes faibles en quete

de legitimite). Mais, au vu des fortes particularites de

la nation israelienne (valeurs fondatrices, liens entre

1'Etat et la religion, evolution au sein de la societe) et

des donnees internationales actuelles, on con<;oit que

Ie jeu en vaille peut-etre la chandelle.

Baruch Kimmerling analyse ainsi la societe israelienne:

«La collectivite n' a jamais reussi a decider

si Ie judai"sme est une religion ou une sorte de nationalisme,

ou les deux. Immigrants colons, nous avons

besoin d'une legitimation pour etre ici. La religion

juive en presentait une. C' est pourquoi Ie sionisme

lai"que lui a emprunte ses themes cent raux et meme

sa terminologie. Desormais, l'hegemonie sioniste est

menacee par la decomposition du couple religionnation

1.» Pour eviter de choisir entre legitimite

religieuse et citoyennete lai"que, la declaration d'independance

de 1948 prevoit que «1'Etat d'Israel sera

fonde sur la justice, la liberte et la paix selon l'ideal

des prophetes d'Israel; il assurera la plus complete

egalite sociale et politique a tous ses habitants, sans

distinction de religion, de race ou de sexe ». Ce faisant,

elle mele donc references religieuses et garantie

d' egalite de traitement la"ique.

L'experience a montre que l'equilibre n'a pu se realiser,

comme l'illustre la situation des Arabes israeliens.

Palestiniens essentiellement musulmans et chretiens,

qui n'ont pas ete chasses ni ne sont volontairement partis

en 1948, ils sont devenus citoyens israeliens en 1949,

lorsque Israel a annexe les zones attribuees par Ie plan

de partage a l'Etat arabe.Jusqu'en 1966, ils ont donc ete

soumis a un gouvernement militaire qui les astreignait a

des permis de deplacement, au couvre-feu, et qui favorisait

la colonisation juive a travers la confiscation des

terres arabes. Depuis, comme Ie souligne A. Dieckhoff,

leur situation s' est amelioree. Ils jouissent de droits individuels

et collectifs leur garantissant la liberte de culte,

de conscience, de langue et de culture. Pour autant,

ils n'ont pas les memes droits civiques et sociaux que

les citoyens juifs. Ainsi par exemple, les zones defavorisees

auxquelles l'Etat verse des subventions visant

a encourager Ie developpement economique et social

n'incluent aucun village arabe, alors que les habitants

de ces villages sont nettement plus pauvres que Ie reste

de la population israelienne (50 % d' entre eux vivent

en dessous du seuil de pauvrete contre 5 % de la population

juive, et en moyenne Ie salaire d'un ouvrier arabe

est inferieur de 23 % a celui d'un ouvrier juif). Plus

encore, certaines discriminations peuvent prendre un

caractere legal. Depuis 1948, les Arabes d'Israel sont

exclus de Tsahal, l'armee israelienne, un des symboles

de l' appartenance a la communaute nationale (a l'exception

des druzes, en charge de la surveillance des zones

arabes). Le mariage entre juifs et non-juifs est prohibe.

La loi d'egalite devant l'emploi de 1988, qui prevoit

des poursuites en cas d' attitude discriminatoire, ne

s'applique qu'aux inegalites de traitement fondees sur

Ie sexe, les preferences sexuelles et Ie statut familial.

C'est dire combien l'idee meme de citoyennete des

Arabes d'Israel demeure incertaine, ce qui tient a la

nature de 1'Etat d'Israel. Alors qu'il a la particularite

forte d'etre la seule democratie du Proche-Orient,

il contrevient au principe meme d' egalite en mettant

l' accent avant tout sur l' ethnie et la judeite. Cree sur la

base de references bibliques et soumis a la pression permanente

des citoyens les plus religieux, qui malgre leur

faible nombre pesent fortement sur la vie politique,

l'Etat hebreu n' a pas a ce jour trouve les ressources lui

permettant de ne plus etre lie a la religion.

nest pourtant des periodes OU la cohesion nationale

s'opere, en depit des problemes lies au role central de

la religion. Elle semble alars reposer sur la necessite de

s'unir face aux menaces exterieures. Les guerres successives

avec les voisins arabes ont logiquement amene les

Israeliens a se preoccuper d' abord de survivre ensemble

face a l'ennemi avant de savoir exactement ce que

recouvrait ce « ensemble ». Mais la societe evoluant, la

question se pose sans cesse de maniere plus aigue et

prioritaire. Cherchant dans l'immigration la population

qui lui fait defaut face aux pays environnants, Israel a

accueilli notamment entre 1989 et 1994 plus de 500000

personnes venues d'ex-URSS, soit une augmentation

de 10 % de sa population en seulement cinq ansi. Or

ces juifs d' origine russe, qui representent aujourd'hui

20 % de la population israelienne, ne sont pas reconnus

par Ie Grand Rabbinat et connaissent d'immenses difficultes

a s'integrer dans la societe, se trouvant Ie plus

souvent dans des emplois dont la qualification ne correspond

pas a leur niveau de competence. A quoi s' ajoute

l'importance des travailleurs asiatiques immigres, qui

constituent presque un dixieme de la population.

Au total, pres de la moitie de la population d'Israel

n' est pas juive ou n' est pas consideree comme telle.Par

consequent, Ie caractere hebreu de l'Etat est menace.

Ceci constitue un risque non seulement pour sa cohesion

mais aussi et surtout pour sa taille (les colons sont

les individus les plus religieux), voire pour sa survie,

dans la mesure OU Ie caractere hebreu de l'Etat est son

trait premier.

Le sionisme - de « Sion », colline de Jerusalem puise

ses sources dans les textes sacres et dans l'histoire.

II est l'ideologie du retour des juifs en Palestine, appelee

en hebreu «Terre d'Israel» (Eretz-Israel). Pour

les theoriciens du peuple juif, son histoire commence

mille ans avant Jesus-Christ avec l'exil vers Babylone

et n'a cesse d'etre marquee par des tentatives de retour

d'une partie de cette population. S'appuyant notamment

sur la promesse biblique selon laquelle Dieu dit

a Abraham: « A ta posterite je donne ce pays, ce pays

OU coulent Ie lait et Ie miel », les sionistes designent la

Palestine comme seullieu possible d'implantation de

l'Etat hebreu.

Cet objectif est inscrit lors du Congres sioniste de

Bale du 29 au 31 aout 1897. Ainsi, au lien sentimental

ancien d'une partie des juifs pour cette region forte

de symboles se substitue une veritable revendication,

au nom de laquelle, des 1895, Theodor Herzl preconise

des methodes radicales : «Le double processus

d' expropriation et de deplacement des pauvres doit

etre mene de fac;on prudente et discrete. Que les proprietaires

fonciers s'imaginent qu'ils nous roulent et

nous vendent leurs biens a des prix exageres, nollS,

pour notre part, ne leur revendrons rien. »

En n~alite, comme toute revendication fondee sur

des arguments religieux, Ie sionisme est objet de debats1•

II ne s' agit pas ici de prendre part aces querelles, mais

simplement de faire valoir qu'une partie des arguments

a I'origine du sionisme sont aujourd'hui encore discutes

dans la mesure OU ils sont relies a des croyances.

Toutefois, il est interessant de noter que Theodor

Herzl, pere du sionisme politique moderne2, envisagea

la possibilite de creer I'Etat juif en Argentine. Dans ce

cas, I'element religieux s'effa~ait devant des considerations

pragmatiques, puis que ce pays presentait notamment

l' avantage de compter en son sein une population

juive consequente. Dans son ouvrage, con~u comme

un veritable plan d'action (L'Etat des Jui/s, sous-titre

Contribution a une solution moderne de la question

juive), Herzl ecrit: «Faut-il donner la preference a

la Palestine ou a l'Argentine? La Society prendra ce

qu'on lui donne et ce que I'opinion des Juifs choisira.

La Society procedera aux constatations. L'Argentine est

I'un des pays les plus riches du monde, d'une superficie

enorme, avec une faible population et un climat

modere. La Republique argentine aurait Ie plus grand

interet a no us ceder un morceau de son territoire.

L'infiltration juive actuelle y a naturellement provoque

quelque mecontentement; il conviendra d' eclairer

l'Argentine sur la nature differente de cette nouvelle

immigration juive1. »Mais l'auteur n' en oublie pas pour

autant I'importance de la religion et precise quelques

lignes plus loin: « La Palestine reste notre patrie historique

inoubliable. Son seul nom constituerait pour

notre peuple un cri de ralliement d'une extraordinaire

puissance2. »Entre affirmation du bien-fonde des arguments

bibliques et conscience de leur force mobilisatrice,

Herzllivre les raisons de sa preference mais ne

developpe pas davantage. II n'est pas evident, dans

ce cadre, de cerner la place exacte de la Bible dans Ie

projet etatique de I'auteur. Neanmoins, Ie choix s'etant

tres vite porte sur la Palestine, la question a perdu de

facto de son interet: la « patrie historique inoubliable »

I'emportera sur la proposition argentine.

Des lors, resultat d'une croyance et fruit d'une interpretation,

Ie mouvement sioniste a lui seul ne suffit

nullement a permettre la creation d'un Etat dans une

region majoritairement etrangere et hostile au projet.

Ce sont les circonstances qui, paradoxalement, ont agi

en sa faveur.

Le succes soudain du sionisme s'explique par l' antisemitisme

ambiant a la fin du XIXC siecle. II est significatif

que la these de Theodor Herzl ait vu Ie jour en pleine

affaire Dreyfus (1894-1906) et au moment des pogroms

(L'Etat des Jui/s parut en 1896). Herzl, d'ailleurs,

dit explicitement que son idee se fan de en reaction

contre l'antisemitisme : «Le projet que je presente ici

com porte 1'utilisation d'une force motrice bien presente

dans la realite. (. .. ) Tout depend de la force motrice.

Quelle est -elle? La detresse des Juifs. (. .. ) Ce que je

dis, c' est que si cette force est correctement utilisee, dIe

sera assez puissante pour actionner une machine importante

et mettre en marche des hommes et des chosesl. »

Herzl considere que la souffrance des juifs, victimes de

l' antisemitisme, peut donner lieu a une mobilisation

constructive et permettre la realisation de son plan. En

d'autres termes, 1'Etat juif est ici pense par rapport au

contexte, en reaction a 1'hostilite et la violence dont

sont victimes a cette periode de plus en plus de juifs.

Mais ses idees ne rencontrent alors que peu d' echos,

car, a la meme epoque, d' autres theories sont eIaborees

et connaissent un certain succes. Ainsi, les marxistes

considerent que la « question juive », produit

du capitalisme, trouvera sa solution avec l' avenement

du socialisme. Le judalsme liberal, present en France,

en Allemagne et en Angleterre, prone, quant a lui,

l' assimilation des juifs dans les Etats-nations dont ils

partagent la culture.

En somme, plus encore que les arguments theologiques,

ce sont les evenements antisemites qui fournissent

au mouvement sioniste sa plus grande raison

d'etre. L'idee de permettre aux juifs de ne plus etre

persecutes grace a la creation d'un Etat souverain fait

son chemin en Occident.

Pour des raisons melant strategie et culpabilite

culminante, au lendemain de la Deuxieme Guerre

mondiale, les gouvernements occidentaux participent

activement a la creation d'lsraeI.

La Grande-Bretagne, dans un premier temps,

etablit un «Foyer national» juif, sur la base de la

Declaration Balfour, en terre de Palestine alors sous

sa domination, Franr;ais et Britanniques s'etant partage

1'Empire ottoman par les accords Sykes-Picot de

1916. Diviser cette zone permettait pour la GrandeBretagne

- la formule n' est plus un secret pour personne

- de mieux y asseoir son regne. Or, s'y jouaient

deja Ie contrale de 1'acces a I'ocean lndien, la protection

de Suez et Ie contrale des ressources petrolieres

(dont 1'importance ne fut toutefois reellement perr;ue

qu'apres la Deuxieme Guerre mondiale).

Cette decision fut prise alors que la region entamait

une periode de secularisation, marquee par Ie declin

presque total de 1'influence de l'Eglise, et culminant

avec I'abolition du Califat ottoman par Atatiirk en 1924.

L'installation d'une nation sur la base d'arguments religieux

se revelait contraire a I'evolution des societes

locales. Toutefois, a ce stade, il ne s'agissait pas encore

d'une entite juridique souveraine mais d'un « Foyer »,

ce qui, selon la Commission King-Crane nommee par

Ie President des Etats-Unis Woodrow Wilson en 1919,

ne pouvait nullement mener a la construction etatique.

En effet, un tel projet aurait contredit, d'une part, Ie

principe wilsonien du droit des peuples a I'auto determination

(en 1'espece, les peuples arabes) et, d'autre

part, les conditions relatives au mandat britannique

sur la region donne par la Societe des Nations, qui prevoyait

l' organisation par la puissance mandataire de

l' accession des populations locales a 1'independancel.

Les juifs, pour leur part, ne concevaient pas ce

« Foyer national» autrement que comme une etape.

Le plan elabore par Theodor Herzl etait tres clair:

«Personne n'est assez fort ou assez riche pour transplanter

un peuple d'un en droit a un autre. Seule une

idee peut y parvenir. L'idee de I'Etat a cette force.

Tout au long de leur longue et tragique histoire, les

Juifs n'ont cesse d'entretenir ce reve royal: "1'an

prochain a Jerusalem" 1. » Rappelant l'anciennete de

cette aspiration pour les juifs, Ie pere du sionisme

moderne affirmait que ce retour ne pourrait se realiser

que dans Ie cadre de la structure etatique, unique

construction souveraine pour un peuple destine a se

retrouver.

En 1939, la Grande-Bretagne avait publie un ultime

Livre blanc excluant la creation d'un Etat juif, prevoyant

l'independance de la Palestine en 1949 via un partage

du pouvoir entre Juifs et Arabes et limitant l'immigration

juive et la vente de terres2• L'etape decisive intervint

au lendemain de la Deuxieme Guerre mondiale.

1. Herzl, op. cit., p. 29.

2. Ce Livre Blanc enoncait notamment : «On pouvait comprendre,

d'apres un passage de la Declaration Churchill de 1922,

que la Palestine n'etait pas destinee a devenir un Etat juif. Cette

declaration n'ayant pas fait disparaitre les doutes, Ie gouvernement

de Sa Majeste declare maintenant, sans equivoque, que

sa politique ne vise pas a faire de la Palestine un Etat juif. (... ) un

Etat ou les deux peuples, arabe et juif, se partageront l'autorite

gouvernementale de telle facon que les interets de chacun soient

sauvegardes. (. .. ) L'immigration juive sera maintenue, au caurs

des cinq prochaines annees, a un taux qui portera la population

juive au tiers environ de la population totale du pays. (. .. ) Apres

cette periode de cinq ans, aucune immigration juive ne sera autorisee,

a moins que les Arabes de Palestine n'y consentent. »

La guerre suspendit de facto ces engagements et la

culpabilite des Europeens joua en faveur des sionistes,

comme en temoigne Ie plan de partage. En substance,

55 % de l'ensemble du territoire palestinien devint

la propriete des juifs, qui ne constituaient pourtant

qu'environ un tiers de la population et ne possedaient

jusqu'alors que 7 % des terres. Ils obtinrent

les meilleures zones, c'est-a-dire celles OU se trouvait

la production d' agrumes et de cereales, la region en

amont du Jourdain OU se situait la principale source

d'approvisionnement en eau douce pour les Palestiniens

et les zones d'acces maritime, notamment. Ce

qui n'empecha pas Ben Gourion (Premier ministre

israelien de 1948 a 1954, puis de 1955 a 1963) de

declarer: « Le partage des Nations unies est injuste

car il prive les communautes juives de la moitie de

leur territoire biblique, »

Des lors, de coreligionnaires, les juifs deviennent

« les Juifs », membres d'un meme Etat-nation sou de

sans doute plus par la souffrance due a la haine dont

ils sont l' objet que par des elements objectifs, chacun

venant de cultures et d'horizons tres divers.

L'Etat alors naissant presente un caractere ambigu.

Le debat sur la traduction de l' ouvrage de Theodor

Herzl en est la parfaite illustration: Etat jui/ ou Etat

des fUlfs? Alors que les premieres publications ont

opte pour la premiere traduction, les plus recentes

ont choisi la seconde1, Selon l' expression choisie, il

s'agit de mettre davantage l'accent sur Ie caractere

juif de l'Etat lui-meme, Ie rendant excluant, ou sur sa

1. Notamment celie de Claude Klein, a laquelle nous nous rcfcrons

ICI.

vocation a accueillir notamment des juifs. Par comparaison,

un Etat islamique, regi par la charia (les regles

issues du Coran et des Hadith, recits de la vie du Prophete),

n'applique pas les memes lois qu'un Etat ou se

trouvent des musulmans, quand bien meme ceux-ci

seraient majoritaires.

Mais au-dela des querelles semantiques, l'ambigu"ite

apparait des lors qu'il est question de determiner les

fonctions d'Israel, les missions que sa population est

en droit d'attendre de lui. Tout en fondant son idee

de creation d'un Etat sur Ie rappel de la permanence,

dans I' esprit de nombreux juifs, de la celebre reference

religieuse : « l' an prochain a Jerusalem », et en proposant

l'installation de cette entite en Palestine, Theodor

Herzl a voulu un Etat la"ique.

Ainsi, la justification de la creation de l'Etat sur cette

terre deja habitee se fonderait sur la Bible, mais son

fonctionnement devrait ensuite en faire abstraction.

L'hiatus - en temoigne la permanence des debats sur

Ie sujet - est difficile a surmonter. Comment mettre de

cote Ie caractere religieux de I'Etat sans du meme coup

remettre en cause sa legitimite meme a exister? Une

reponse possible consiste a considerer la judeite non

comme une appartenance religieuse mais comme une

nationalite (les juifs deviennent « les J uifs »). Mais, disperses

dans de si nombreux Etats depuis si longtemps,

quel est Ie point commun de ces individus, si ce n' est la

religion? Sur quel element objectif se fonde Ie peuple

juif pour survivre a la diversite lin~uistique, culturelle

et historique de ses membres? L'Etat hebreu etant la

terre d' accueil des juifs, Ie legislateur a dil trancher

et donner une definition. La loi du retour de 1950 et

celle de 1952 prevoient ainsi que tout juif peut s' etablir

en Israel et acquerir ipso facto la nationalite. Dans

ce cadre, est juif « celui qui est ne d'une mere juive,

ou qui s'est converti au juda"isme, et qui n'appartient

pas a une autre religion ». Pour des raisons de pragmatisme

- voire de survie - face a une demographie arabe

largement superieure et en constante progression, il a

toutefois ete decide d' etendre I'attribution de la nationalite

israelienne aux familles des personnes juives

(enfants, petits-enfants et conjoints). Pourtant, la religion

demeure au creur de la nation, les amen dements

n' ayant pour but que de rendre I'Etat viable.

L'identite des Israeliens est donc un sujet eminemment

complexe. Tous ne sont pas croyants (ni meme

juifs), alors que la religion demeure au centre de

I'Etat. Dans ce cadre, I'evolution de la societe israeIienne

pose un probleme serieux pour la cohesion et

par consequent pour la survie d'Israel. L'hypothese

du morcellement, avancee au chapitre precedent,

aboutirait au renforcement des appartenances religieuses

dans la region, meme artificiellement, dans Ie

but - poIitique - de faire taire les menaces qui planent

sur Israel....

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1. Article 22 du Pacte de la SDN .

1. Ibid., pp. 16-17.

1. Theodor Herzl, VEtat des Jui/s, trad. de Claude Klein, La

Decouverte, 2003, pp. 43-44.

2. Ibid., p. 44.•.

1. Certains theologiens ont notamment mis en valeur Ie fait que

la prom esse faite a Israel etait conditionnee a l' obeissance de ce

dernier aux commandements divins, condition non realisee.

2. QuaJifie de «politique », Ie sionisme se distingue du sionisme

« messianique » bien plus ancien en ce qu'il invite les juifs a

prendre en main Ie projet de retour en Palestine au lieu d' attendre

Ie retour du Messie pour ce faire.

3. La« Society of Jews» est un organe politi que, imagine par

Herzl, rassemblant les Juifs acquis a sa cause qui seront charges

de discuter avec les gouvernements pour les convaincre de faire

aboutir I'Etat des J uifs .

1. Sophie Goyer et Sarah Dettamante, « Minorites et identite

en Israel, facteurs de destabilisation interne », in Defense nationale,

novembre 1998, 54e annee, n° 11.

1. «La division s'aggrave entre Sefarades et Ashkenazes »,

Ha'aretz, cite in Courrier international, n° 342, du 22 au 28 mai 1997.